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INTRODUCTION.

pire que déjà, dans le Convito, il avait dit avoir atteint sa perfection sous Octave Auguste[1]. Par une disposition divine, cet empire appartient au peuple romain, et ne dépend immédiatement que de Dieu. Nous aurons bientôt occasion d’examiner cette théorie, qui se rattache aux plus hautes questions discutées encore aujourd’hui, et avec non moins de chaleur qu’au treizième siècle. La Rome pontificale, après avoir si longtemps combattu pour se subordonner l’empire, n’en pouvait admettre la pleine indépendance. Le livre de Dante souleva tout le parti papal. Le cardinal Beltramo di Poggetto, légat du pape en Lombardie, ordonna qu’il serait brûlé comme contenant des doctrines hérétiques, et défendit de le lire sous peine d’excommunication ; l’auteur, menacé du même sort, s’enfuit, non sans difficulté, des Légations avec l’aide de quelques amis[2].

Durant ces jours de persécution, errant de lieu en lieu sans trouver nulle part un coin de terre où se reposer, Dante ne laissait pas de continuer son Poëme, où se trouve rassemblé tout ce que l’étude, la réflexion, les événements d’une vie si troublée avaient accumulé

  1. Il mondo non fu mai ne sarà si perfettamenle disposto, come allora, che alla voce d’un solo principe del Roman popolo e comandatore fu ordinato ... E perô pace universalo era per tutto, che mai più non fu ne sia : la nave della umana compagnia dirittamente per dolce cammino at debito porto correa. Convito, p. 167.
  2. Pino della Tosa et Ostagio di Polenta, suivant Boccace.