Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 1, Didier, 1863.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
INTRODUCTION.

savoir. Ce n’est pas, néanmoins, qu’il ne se trouve dans le même ouvrage beaucoup de traits propres à répandre une utile lumière sur les secrètes pensées de l’auteur, par rapport à l’état de l’Italie, aux factions qui la divisaient, aux causes des maux dont elle gémissait : si l’homme intellectuel, embrassant l’univers, planait dans ses espaces immenses, s’élevait de ciel en ciel jusqu’à la source infinie, éternelle, du Vrai et du Beau, l’homme de ce monde fugitif, ramené sur la terre par la réalité des choses de la vie, ses souffrances et ses espérances, par l’amertume des regrets, les passions de parti, la colère, la haine, en nourrissait son âme, théâtre permanent d’un drame terrible qui se dénoue dans une fosse à Ravenne.

Lors de l’entrée en Italie de l’empereur Henri VII, une sorte de fiévreuse activité saisit cette âme ardente. Il écrit à l’empereur, aux princes, aux peuples, aux Gibelins, aux Guelfes, à l’Italie entière ; il se fait le suppliant de la paix publique, conjurant les factions d’oublier le passé, d’abjurer leurs fatales dissensions, de ne plus former qu’une seule famille unie autour du sceptre impérial, à ses yeux le symbole de l’ordre et le gage du salut. Ce fut alors qu’il publia son livre de Monarchiâ, où il expose avec beaucoup de netteté sa théorie sociale. Il y établit la nécessité, pour le maintien de l’unité, de la justice, de la concorde, d’une monarchie ou d’un empire universel, de l’em-