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INTRODUCTION.

Ainsi finit la Vita nuova.

Le Convito ou le Banquet est un commentaire sur des Canzoni, qui devaient être au nombre de quatorze ; mais l’ouvrage, incomplet par rapport au dessein primitif de l’auteur, n’en contient que trois. « Les viandes de ce Banquet, dit-il, seront servies de quatorze manières différentes, c’est-à-dire en quatorze canzoni, dont l’amour et la vertu seront le sujet : lesquelles viandes sans le pain que j’offre avec, ne seraient pas exemptes d’obscurité, et plairaient à plusieurs moins à cause de leur utilité que de leur beauté. Mes commentaires seront la lumière qui en découvrira le vrai sens à tous. »

On doit, selon Dante, « distinguer dans les écrits quatre sens différents : le sens littéral, le sens allégorique, le sens moral et le sens anagogique. »

C’était la méthode appliquée dans les écoles de théologie à l’interprétation de l’Écriture. « Par le sens allégorique, j’entends, ajoute Dante, la Vérité manifestée par le moyen de la Fable. Ainsi quand Ovide dit qu’Orphée charma les bêtes sauvages, et mut au son de sa lyre les arbres et les rochers, il voulait faire entendre que l’homme sage, par ses raisonnements, règle et adoucit les plus sauvages passions. Les théologiens interprètent ce sens différemment ; mais ici je ne parle que de poésie, et je me borne à montrer comment l’interprètent les poëtes. Le sens moral