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INTRODUCTION.

sont le plus brillantes était passé, quand Amour m’apparut tout à coup ; Amour dont l’essence me remplit de crainte quand j’y repense.

« Amour me semblait gai, tenant mon cœur dans sa main, et soutenant dans ses bras une dame endormie et enveloppée dans un voile.

« Puis il la réveillait, et faisait repaître humblement la dame épouvantée, de ce cœur si ardent ; après, je le voyais fuir en pleurant[1]. »

Guido Cavalcanti, Cino da Pistoïa, Dante da Maïano, Pavanzati, Orlandi, Boni, répondirent à ce sonnet par d’autres sonnets plus obscurs encore. Tous étaient des hommes graves. S’amusaient-ils à échanger entre eux des énigmes inintelligibles ? il est impossible de le penser. Ces images, ces allégories, si sérieuses à leurs yeux, recouvrent évidemment quelque secret perdu pour nous, probablement un secret politique.

Chaque sonnet est accompagné d’une glose qui en marque les diverses parties, par une sorte d’analyse subtile, suivant la méthode scolastique, mais sans jeter aucune lumière sur le fond de la pensée.

Retenu au lit par une maladie grave, le poëte a pendant le sommeil une vision où la mort de Béatrice lui est annoncée. Le récit plein de tristesse et de tendresse que, suivant sa coutume, il en a d’abord fait en prose, il le reproduit dans des vers touchants. La réalité domine

  1. Traduction de M. Delécluse.