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INTRODUCTION.

gue originelle fut l’hébreu ; après quoi vint la confusion de Babel.

Il distingue en Europe plusieurs familles de langues : les langues slaves et les langues latines, « qui n’en font qu’une, dit-il, bien qu’elles paraissent trois. Pour signe d’affirmation, les uns disent oc, les autres oil, les autres si : ce sont les Espagnols, les Français et les Italiens. La preuve de l’origine commune de ces trois langues est dans le grand nombre de mots semblables qu’elles emploient[1]. »

Puis il établit la supériorité de la langue d’oil, dans laquelle écrivaient de préférence les Italiens eux-mêmes avant que leur propre langue se fût suffisamment développée et polie[2]. Dante la divise en quatorze idiomes, « chacun desquels, ajoute-t-il, se subdivise lui-même en un si grand nombre, que je porterais à mille tous les dialectes, toutes les variétés de langage qui se parlent en Italie. »

M. Villemain fait à ce sujet les réflexions suivantes, aussi justes, ce nous semble, qu’ingénieuses. « Cette multitude même de langages, dit-il, nous expliquera, je crois, pourquoi la langue italienne fut si tardive à se

  1. Traduction de M. Villemain.
  2. « Si aucuns demandoit pourquoi chi lisvres est écrit en rouman, pour chou que nous sommes ytalien, je diroie que ch’est pour chou que nous sommes en France, et pour chou que la parleure en est plus délitable et plus commune à toutes gens. » Brunetto Latini, en son livre intitulé le Trésor.