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INTRODUCTION.

formée dans le Moyen âge contre la Rome papale, et qui aboutit à la réforme du seizième siècle. Les Lettres de Pétrarque, ses Églogues et celles de Boccace, ne laissent sur ce point aucune incertitude. Quelle que fut d’ailleurs la multiplicité des doctrines et des associations différentes, le même esprit éclate partout, avec les mêmes précautions de langage. Les figures de l’Apocalypse, les fictions païennes du Tartare et de l’Élysée fournissent, tour à tour, des images sur le sens desquelles aucun initié ne se méprenait. Le Pape est l’antique serpent, son règne le règne visible de Satan et de ses anges maudits ; les martyrs revêtus de robes blanches demandant justice de leurs persécuteurs au pied du trône de l’Agneau, sont les victimes de l’Inquisition ; la ville aux sept collines, Rome, est la prostituée assise sur les eaux, la Babylone, repaire des animaux immondes, dont on attend la chute certaine, célébrée par des chants d’allégresse et des cris de vengeance.

Une telle complication de vagues allégories, d’expressions volontairement obscures, ne jette pas seulement de la sécheresse et de la froideur dans les poésies gibelines, mais souvent les transforme en une sorte de chiffre inintelligible aujourd’hui, et qui le sera probablement toujours, spécialement en ce qui touche le côté politique.

Le symbolisme philosophique n’exigeait pas les