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CHANT TRENTE-DEUXIÈME.

15. — Vous, dis-je, dont les poitrines tant s’étreignent, dites-moi qui vous êtes. Ceux-ci ployèrent leurs cous [8], et, après que sur moi ils eurent levé la vue,

16. Leurs yeux, auparavant humides seulement en dedans, dégouttèrent sur les lèvres, et la gelée, durcissant les larmes entre les paupières, les referma.

17. Jamais bande de fer ne lia si fortement bois à bois : par quoi, comme deux boucs, ils se cossèrent, si emportés furent-ils de colère.

18. Et un autre, qui par le froid avait perdu les deux oreilles, la face baissée, dit : « Pourquoi tant nous regardes-tu ?

19. « Si tu veux savoir qui sont ces deux, la vallée que descend le Bisenzio [9], appartient à leur père Alberto [10] et à eux.

20. « Ils sortirent d’un même corps [11] ; et toute la Caïna [12] tu pourras fouiller, sans y trouver d’ombre plus digne d’être plongée dans la gélatine [13] :

21. « Non pas même celui de qui la main d’Arthus perça d’un seul coup la poitrine et l’ombre [14], non pas même Focaccia [15], non pas même celui dont la tête

22 « M’encombre tellement, qu’au delà je ne vois rien, et qu’on nommait Sassol Mascheroni [16]. Si tu es Toscan, bien sais-tu maintenant qui il fut.