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CHANT VINGT-CINQUIÈME.

23. Les deux autres le regardaient, et chacun d’eux criait : « Oh ! Agnel [8], comme tu changes ! Vois, déjà tu n’es ni deux ni un. »

24. Les deux têtes n’en faisaient plus qu’une, lorsqu’y apparurent deux figures mêlées sur une face devenue celle des deux perdus [9].

25. De quatre pièces se firent les deux bras ; les cuisses avec les jambes, le ventre et le buste, devinrent des membres qu’on ne vit jamais.

26. Tout avait là dépouillé son premier aspect ; la forme transmuée était celle de deux et n’était celle d’aucun, et telle elle s’en allait à pas lents.

27. Comme, sous l’ardeur des jours caniculaires, le lézard, changeant de haie, traverse, pareil à l’éclair, le chemin ;

28. Ainsi, s’élançant vers le ventre des deux autres, paraissait un petit serpent irrité, livide et noir comme un grain de poivre.

29. À l’un d’eux il piqua cette partie [10] par où nous prenons notre première nourriture, puis tomba étendu devant lui.

30. Le piqué le regarda, et ne dit rien ; mais, s’arrêtant, il se roidissait sur ses pieds, il bâillait comme si le sommeil ou la fièvre l’eût assailli.