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L’ENFER.

32. Leurs mains étaient liées par derrière avec des serpents ; et ceux-ci dans leurs reins enfonçaient la queue et la tête, et se nouaient devant.

33. Et voilà que sur l’un d’eux, qui était près de la même rive que nous, s’élança un serpent qui le piqua là où le col s’articule aux épaules.

34. Jamais ni O, ni J ne s’écrivit aussi vite qu’il s’enflamma, et brûla tout entier, et tomba réduit en cendres.

35. Et lorsque ainsi détruit il fut gisant à terre, la poussière aussitôt se rassembla, et d’elle-même redevint le même corps qu’auparavant.

36. Ainsi, au dire des grands sages, le Phénix meurt et ensuite renaît, lorsqu’il approche de sa cinq centième année.

37. Il ne se nourrit, durant sa vie, ni d’herbes ni de grains, mais de larmes d’encens et d’amome ; et le nard et la myrrhe sont ses derniers langes.

38. Tel que celui qui tombe et ne sait comment, que la force du démon l’ait jeté à terre, ou un autre mal qui lie l’homme,

39. Quand il se relève regarde autour, troublé par la grande angoisse qu’il a soufferte, et, regardant, soupire :

40. Tel était le pécheur, après s’être relevé. Oh ! que sévère est la justice de Dieu, dont la vengeance frappe de tels coups !