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INTRODUCTION.

et un berceau : la tombe magnifique d’un monde qui s’en va, le berceau d’un monde près d’éclore ; un portique entre deux temples, le temple du passé et le temple de l’avenir. Le passé y dépose ses croyances, ses idées, sa science, comme les Égyptiens déposaient leurs rois et leurs dieux symboliques dans les sépulcres de Thèbes et de Memphis. L’avenir y apporte ses aspirations, ses germes enveloppés dans les langes d’une langue naissante et d’une splendide poésie, enfant mystérieux qui puise à deux mamelles le lait dont ses lèvres s’abreuvent, la tradition sacrée, la fiction profane, Moïse et saint Paul, Homère et Virgile. Ce regard tourné vers la Grèce et Rome annonce déjà Pétrarque et Boccace, et les autres qui suivront, en même temps que la soif de lumière, l’ardent désir de pénétrer le secret de l’univers, de sa constitution, de ses lois, présage Galilée. La nuit est encore sur la terre, mais les lueurs de l’aube commencent à poindre à l’horizon.

Ces considérations sur l’ensemble des faits principaux que présente l’histoire durant la longue période qui, de la fin de la république romaine, s’étend jusqu’à nos jours, nous ont paru nécessaires pour que l’on comprît bien le caractère de l’œuvre de Dante, lié à celui de l’époque où elle se produisit. Mais elle a aussi d’étroits rapports avec la nature intime du poëte, ses opinions, ses passions personnelles et les événe-