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CHANT QUATORZIÈME.

25. « Maintenant suis-moi, et garde-toi de poser les pieds sur l’arène brûlante ; mais tiens-les toujours près du bois ! »

26. Silencieux nous vînmes là où, de la forêt, sourd un petit fleuve dont la rougeur me fait encore frissonner.

27. Comme du Bulicame sort le ruisseau qu’entre elles ensuite partagent les pécheresses [8], ainsi à travers le sable coulait celui-là.

28. Le fond, les deux pentes, et de chaque côté les bords étaient de pierre, d’où j’avisai que là était le passage.

29. « De tout ce que je t’ai montré depuis que nous entrâmes par la porte dont le seuil à nul n’est dénié [9],

30. « Tes yeux n’ont rien vu de si notable que ce fleuve sur lequel s’éteignent toutes les flammes. »

31. Ainsi parla mon Guide ; sur quoi je le priai de m’accorder la pâture dont il m’avait donné le désir.

32. « Au milieu de la mer, dit-il alors, est un pays dévasté qu’on appelle la Crète, sous le roi duquel, autrefois, le monde vécut dans l’innocence.

33. « Là s’élève une montagne nommée Ida, jadis riante et d’eaux et de verdure, et maintenant abandonnée comme une chose usée.