Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 1, Didier, 1863.djvu/318

Cette page a été validée par deux contributeurs.
308
L’ENFER.

23. « Enflamma contre moi toutes les âmes, et ceux qu’elle enflammait enflammèrent tellement Auguste, que les joyeux honneurs se changèrent en un triste deuil.

24. « Mon âme indignée, croyant en mourant fuir le mépris, me rendit injuste contre moi juste.

25. « Par les nouvelles racines de ce bois, je vous jure que jamais je ne violai la foi à mon seigneur, qui d’honneur fut si digne.

26. « Et si l’un de vous retourne dans le monde, qu’il relève ma mémoire, encore abattue du coup que lui porta l’envie. »

27. Il se tut, et le Poëte attendit un peu, puis il me dit : « Ne perds pas le temps, mais parle et interroge-le, si plus tu désires savoir. »

28. Et moi à lui : — Demande-lui encore ce que tu croiras devoir m’agréer ; je ne le pourrais moi-même, tant mon cœur est ému de pitié.

29. Il recommença donc : « Si celui-ci libéralement t’accorde ta prière, esprit emprisonné, qu’il te plaise aussi

30. « De nous dire comment l’âme est liée à ces arbres noueux ; et, si tu le peux, dis-nous si quelqu’un jamais se dégage de tels membres. »

31. Alors fortement souffla le tronc, puis le souffle se changea en cette voix : « Brièvement il vous sera répondu.