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L’ENFER.

7. « Tant que tu chemineras dans l’horrible sablon. Regarde bien, et tu verras des choses qui rendront mes paroles croyables 4. »

8. Déjà, de toutes parts, j’entendais pousser des gémissements, et ne voyais personne ; de sorte que, troublé, je m’arrêtai.

9. Je crois qu’il crut que je croyais 5 que cette foule de voix, sortant d’entre les troncs, venait de gens qui se cachaient de nous.

10. Ce pourquoi le Maître dit : « Si tu romps quelque branche d’un de ces arbres, rompues aussi seront les pensées que tu as 6. »

11. Lors, avançant un peu la main, je cueillis un petit rameau d’un épais buisson, et le tronc cria : « Pourquoi me mutiles-tu ? »

12. Puis devenu tout noir de sang, il cria de nouveau : « Pourquoi me brises-tu ? N’as-tu aucun sentiment de pitié ?

13. « Hommes nous fûmes, et maintenant sommes buissons. Ta main devrait être plus pieuse, eussions-nous eu des âmes de serpents. »

14. Comme le bois vert allumé par un bout, gémit de l’autre, l’air sortant en sifflant ;