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CHANT DOUZIÈME.

16. « Mais fixe tes regards sur la vallée ; nous approchons du lac de sang 7 où bouillent ceux qui, par violence, ont nui à autrui. »

17. O aveugle cupidité, ô folle colère, qui tant nous incite pendant la courte vie, et ensuite, durant l’éternelle, nous plonge en un si affreux bain !

18. Je vis une large fosse qui, comprenant toute la partie plane, se contournait en arc, comme l’avait dit mon Guide.

19. Entre elle et le pied de la ravine couraient à la file des Centaures armés de flèches, comme ils avaient coutume d’aller à la chasse dans le monde.

20. Nous voyant descendre, chacun d’eux s’arrêta, et de la bande trois se détachèrent, avec des arcs et de petits dards premièrement éprouvés.

21. Et l’un d’eux cria de loin : « A quel supplice venez-vous, vous qui descendez la côte ? Parlez d’où vous êtes, sinon je tire l’arc. »

22. Mon Maître dit : « Nous répondrons là de près à Chiron ; à ton dam ton vouloir fut toujours trop prompt. »

23. Puis, me touchant, il dit : « Celui-ci est Nessus, qui mourut pour la belle Déjanire, et se vengea lui-même 8,

24. « Et celui du milieu, qui regarde sa poitrine, est le grand Chiron, le nourricier d’Achille ; cet autre est Pholas, qui fut si plein de colère.