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INTRODUCTION.

les décombres, reprend son cours, modifié par ce que le temps toujours amène avec soi ; et à chacune des phases de cette évolution vitale, on voit décliner les institutions fondées par les races conquérantes, s’affaiblir la puissance du corps sacerdotal et la foi en ses dogmes imposés en vertu d’une autorité au-dessus de la raison, et réputée infaillible.

Voilà ce que montre l’histoire, expression fidèle des lois supérieures qui président aux destins de l’humanité, et qui la conduisent invinciblement vers sa fin nécessaire et divine.

Dans le mouvement général, l’Italie, comme nous l’avons dit, devança les autres nations. La Renaissance date pour elle, au Midi, du règne de Frédéric II ; au Nord, de la ligue lombarde. Celle-ci marque l’origine de l’affranchissement politique et civil, par la conception d’un droit également opposé au droit féodal de la force, et au droit divin, tel que le proclame la hiérarchie. Du principe nommé depuis la souveraineté du peuple naissent les républiques italiennes. La liberté est semée, elle germera. Quelle que soit désormais la durée du combat entre le despotisme et la liberté, quelles qu’en soient les vicissitudes, les peuples s’appartiendront, ils cesseront d’être la propriété d’un seul et de sa race.

L’époque de Frédéric, quoiqu’il ait succombé dans sa lutte contre la papauté, n’en fut pas moins une