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INTRODUCTION.

mes abstraits, n’en pouvait non plus avoir la direction. C’était une puissance nouvelle qui naissait, puissance redoutable qui dominait la sienne par les côtés où elles se touchaient, et contre laquelle nulle défense, comme l’Église l’éprouva bientôt sur la première question débattue entre elles, l’astronomie biblique qu’elle soutint vainement contre l’astronomie de calcul et d’observation. Est venue ensuite la géologie, sur les progrès de laquelle il a fallu régler par des modifications successives l’interprétation de la Genèse. Une question d’une plus haute gravité encore, dans ses rapports avec la doctrine de l’Église, est pendante au même tribunal. Il n’existe qu’une nature, qu’une espèce humaine, nul doute ; mais l’espèce humaine a-t-elle eu un seul ou plusieurs centres de formation ? En d’autres termes, y a-t-il dans l’humanité des races primitivement diverses, ou provient-elle d’un couple unique ? Il est évident que c’est la science qui prononcera sur cette question, et cette question est le fondement de toute la théologie dogmatique.

Ainsi, pour nous résumer, vers la fin de la période que caractérise l’anthropomorphisme païen, qui, né dans la Grèce, avait succédé aux religions de la nature, le christianisme évangélique provoqua chez des peuples énervés, en qui la vie des sens étouffait la vie supérieure, une salutaire réaction morale, et prépara de loin un état plus parfait qu’aucun de ceux qui avaient