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INTRODUCTION.

Redevenu libre, au moins d’une liberté relative, il porte de tous côtés ses investigations, examine, discute, juge. La critique du dogme et des monuments sur lesquels il s’appuie, de plus en plus hardie, suit le progrès de la science, et, chose plus grave encore, la conscience se détache d’une partie des croyances enseignées comme fondamentales, et qui la heurtent violemment : le péché qu’on nomme originel, sa transmission avec les conséquences relatives à l’état futur de l’immense majorité des hommes, les peines éternelles, la sombre maxime : hors de l’Église point de salut, et les dogmes connexes. La vieille institution ne se soutient plus guère que par le secours que lui prête, pour son propre intérêt, la puissance politique et civile, c’est-à-dire par la coaction sous différentes formes et à divers degrés, et par son côté pharisaïque et superstitieux, les cérémonies, les pratiques matérielles ; en un mot, au dehors par ce qui frappe les sens, et au dedans par la peur, le grand ressort au moyen duquel, chez tous les peuples, dans tous les temps, on agit sur les classes ignorantes, et surtout sur la femme, naturellement attirée en outre vers les choses mystérieuses, vers ce qui offre un vague aliment à l’imagination, faculté dominante en elle.

Il est à remarquer aussi que, dès l’origine, la science de la nature inquiéta l’Église, qui, n’en ayant point le principe générateur, d’un tout autre ordre que ses dog-