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L’ENFER.

7. « Regarde bien comment tu entres, et à qui tu te fies : que ne t’abuse point l’ampleur de l’entrée. » Et mon Guide à lui : « Pourquoi grondes-tu ?

8. « Ne t’oppose point à son aller fatal : ainsi est voulu là où se peut ce qui se veut. N’en demande pas davantage ! »

9. Lors commençai-je d’entendre les accents plaintifs ; lors de grands pleurs frappèrent mon oreille.

10. Je viens en un lieu muet de toute lumière 1, qui mugit comme la mer pendant la tempête, lorsqu’elle est battue des vents contraires.

11. L’infernal ouragan, qui jamais ne s’arrête, emporte les esprits dans sa course rapide, et, les roulant, les froissant, les meurtrit.

12. Lorsqu’ils arrivent au bord escarpé, là les cris, et les gémissements, et les hurlements ; là ils blasphèment la puissance divine.

13. J’entendis qu’à ce tourment étaient condamnés les pécheurs charnels, qui soumettent la raison à la convoitise.

14. Et comme, dans la froide saison, le vol des étourneaux les emporte en bandes épaisses et larges, ainsi ce souffle emporte les esprits mauvais.

15. D’ici, de là, en haut, en bas, jamais ne les conforte aucune espérance, non-seulement de repos, mais d’une moindre peine.