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INTRODUCTION.

Ces splendeurs éblouissent les yeux du Poëte. La joie qui rayonne sur le front de Béatrix possède un éclat dont aucune parole humaine ne saurait donner l’idée[1].

Divers points de foi sont encore discutés avec saint Pierre, saint Jacques et saint Jean. Saint Pierre ne manque pas de récriminer avec vigueur contre l’avidité des successeurs qui l’ont remplacé sur le trône pontifical.

Béatrix accompagne ensuite Dante dans le neuvième ciel, où l’Essence divine est encore dérobée à sa vue par les neuf hiérarchies angéliques. La céleste beauté dont resplendit Béatrix arrivée à cette région suprême, est décrite par Dante avec une ardeur qui montre assez à quel point son premier amour s’était profondément enraciné dans son âme. Ébloui par les magnificences qui l’entourent, le Poëte baigne ses paupières dans l’onde lumineuse d’un fleuve qui prend sa source au pied du trône de Dieu. Doué par là d’une force nouvelle, car « Une lumière est là-haut qui rend visible le Créateur à cette créature qui dans sa vue seule trouve sa paix, » il peut enfin contempler en face les gloires de l’Empyrée. Sur des millions de trônes, rangés en cercles infinis, sont assis les esprits

  1. Pareami, che ’l suo viso ardesse tutto
    E gli occhi avea di letizia si pieni,
    Che passar mi convien senza costrutto.

    _________(Paradiso, cant. XXIII, terz.22.)