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INTRODUCTION.

Vénus est le séjour des amants qui, d’abord coupables, ont finalement épuré la passion dont ils étaient consumés, et l’ont fait tourner au profit de la vertu. Par un caprice poétique assez étrange, Dante, dans tout ce chant, dévie de la théologie chrétienne qui semblait devoir être ici son unique source d’inspirations, et recourt, dans le choix de ses exemples, à la mythologie grecque.

Le Soleil que Dante, en vers sublimes, décrit ainsi : « Le plus grand ministre de la nature, qui de la vertu du ciel empreint le monde, et avec sa lumière nous mesure le temps, » est la quatrième planète, où le conduit Béatrix. Elle est le séjour des grands théologiens, flambeaux de l’Église : saint Thomas d’Aquin y raconte au Poëte l’histoire de saint François, et résout certains doutes que Dante avait conçus relativement à l’état de l’homme après sa mort.

Dans la planète Mars, ou le cinquième ciel, résident ceux qui ont vaillamment combattu pour la cause de la vraie Foi. Leurs corps lumineux dessinent une croix flamboyante, emblème de la crucifixion du Sauveur. Un de ces esprits, Cacciaguida, l’ancêtre de Dante, lui raconte son histoire, et compare Florence telle qu’il l’a connue à la Florence actuelle, expliquant son ancienne élévation et sa décadence présente par la pureté primitive et la corruption graduelle des mœurs privées et civiques. Cacciaguida prédit au Poëte qu’il