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INTRODUCTION.

le feu et la soif, expient le péché de Luxure. Avant d’aller plus loin, il faut que Dante lui-même traverse le feu purificateur, et, comme saisi de crainte, il hésite ; Virgile l’encourage, en disant : « Mon fils, entre Béatrice et toi est ce mur[1]. » Puis, le précédant et priant Stace de le suivre, ils entrent dans la flamme qui brûle sans consumer.

« Quand je fus dedans, dit le Poëte, je me serais jeté dans du verre bouillant pour me rafraîchir, tant l’ardeur était là sans mesure[2]. »

Guidés par une voix qui chantait : Venez, bénis de mon Père[3], les voyageurs arrivent là où l’on montait. La voix les avertit de ne se point arrêter, mais de hâter le pas, tandis que l’Occident ne se noircit pas encore. Toutefois, malgré leur diligence atteints par la nuit, chacun d’eux se fait un lit d’un des degrés de l’escalier, taillé dans le roc, de sorte qu’entre les parois on ne découvre qu’un espace resserré du ciel. Pendant que, par cette étroite fente, il regarde les étoiles, « plus brillantes et plus grandes que d’ordinaire elles ne le paraissent, » Dante est pris de sommeil, et voit en songe une dame jeune et belle, cueillant dans une prairie des fleurs pour en faire une guirlande. Elle se nomme elle-même dans un chant plein de grâce et

  1. Purgat., ch. XVII, terc. 12.
  2. Ibid., terc. 17.
  3. Venite, benedicti Patris mei. — Matt, XXV, 34.