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INTRODUCTION.

leur vient et s’en va, et que flétrit celui par qui fraîche elle sort de la terre[1]. »

Oderisi ne dit point notre renommée, mais votre renommée. Qu’est-ce pour lui, maintenant, que la gloire terrestre, si fugitive, si vaine ? Dans le monde où il se purifie avant de monter vers Dieu ; le monde qu’il a quitté ne le touche plus ; il le voit ainsi que le verrait un habitant d’une autre sphère, sans passion et sans illusion, avec une pitié calme ; et ce calme, au milieu de souffrances désirées, aimées comme la condition nécessaire du bien infini qui les suivra, forme le caractère principal de l’état des âmes en cette région intermédiaire. Un seul mot a suffi pour marquer la séparation de deux modes de vie si étroitement liés, et si dissemblables. Tout à l’heure le Poëte le marquera, de nouveau, en quelques paroles aussi simples que touchantes.

Au-dessus du cercle des Superbes est celui des Envieux. Recouverts d’un grossier cilice, la paupière percée et cousue avec un fil de fer, ils s’appuient l’un contre l’autre et contre le rocher, « tellement tourmentés de l’horrible couture, que de pleurs ils baignent leurs joues. » Se tournant vers ces pieuses ombres, Dante leur dit :

« O âmes sûres de voir la lumière d’en haut, seul objet de votre désir !

  1. Purg., ch. XI, terc ; 25 et suiv.