de temps verdit la cime, si ne surviennent des âges grossiers !
« Cimabué crut, dans la peinture, être maître du champ ; et aujourd’hui Giotto a pour lui le cri public, en sorte que la renommée de celui-là est obscurcie.
« Ainsi l’un des Guido a ravi à l’autre la gloire de la langue, et peut-être est né celui qui tous deux les chassera du nid.
« N’est autre chose la mondaine rumeur qu’un souffle de vent qui vient ores d’ici, ores de là, et change de nom en changeant de côté.
« Que vieux tu te dépouilles de la chair, ou que tu meures balbutiant encore : pappo et dindi[1], qu’importera pour ta renommée,
« Avant que soient mille ans ? durée plus courte, près de l’éternelle, qu’un mouvement des sourcils près du cercle qui, dans le ciel, le plus lentement tourne.
« Celui qui si peu de terrain gagne là devant moi, toute la Toscane retentit de son nom, et maintenant à peine le murmure-t-on à Sienne,
« Où il était seigneur quand fut brisée la rage florentine, superbe alors, Comme à présent vénale.
« Votre renommée ressemble à l’herbe dont la cou-
- ↑ Mots alors du langage de l’enfance, chez les Florentins.