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INTRODUCTION.

Emportée comme la feuille que roule un tourbillon, sa pensée fiévreuse parcourt en tous sens l’Italie, et partout n’y voit que des tyrans. Alors, l’espérance défaillant en lui, il jette un cri vers Dieu, il lui demande si ses regards sont tournés ailleurs, ou si, dans l’abîme de ses conseils, tant de maux seraient la préparation de quelque bien entièrement hors de notre prévoyance. Puis, tout à coup, voilà que sa Florence lui apparaît. Avec un rire amer, il la félicite des biens dont elle jouit, justice, richesse, paix, intelligence, et dans la poitrine oppressée d’où sortent ces poignantes ironies, ces sarcasmes aigus comme la lame d’un poignard, on sent palpiter le cœur du citoyen, les regrets, les colères, les tendresses désolées du pauvre banni.

Ces passions de la terre dans le séjour des morts, en variant le ton du poëme, soutiennent l’intérêt et ramènent l’esprit à ce sujet caché sous la lettre, qui, dans la pensée de l’auteur, de l’homme de parti, du proscrit, était le principal, peut-être.

Poursuivant sa route, il arrive vers le soir au bord d’un vallon, où, dans l’attente de la patrie à laquelle elles aspirent, se reposent, en chantant des hymnes pieux, quelques âmes pèlerines. Rien n’égale la suavité, l’harmonie ravissante des vers où le Poëte, comparant ce qui se passe en ces âmes élues à ce que ressent loin des siens le voyageur, lorsqu’au déclin du