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INTRODUCTION.

maines, d’où devait sortir un jour l’affranchissement universel par un progrès lent sans doute, mais invinciblement continu. Au-dessus de la justice qui constitue le droit, de l’équité qui l’harmonise avec les actes libres, il plaça l’amour, sommaire de la loi et sa perfection ; et l’esprit d’amour est son caractère propre, le caractère de la phase qu’il marque dans l’évolution de l’humanité.

Toutefois, dans le sein même de ce mouvement régénérateur, deux choses se produisirent et durent se produire simultanément, un dogme correspondant à une croyance obligatoire, un sacerdoce hiérarchique, conservateur de ce dogme et juge des questions qui s’y rapportaient, législateur du culte et de la discipline, c’est-à-dire, pouvoir à la fois spirituel et temporel de la société qui se formait : d’où plusieurs conséquences. Le corps sacerdotal, nécessairement composé d’hommes, ne pouvait échapper aux conditions de l’humanité. Il dut tendre à croître en puissance et aussi en richesses. Telle est la pente inévitable de notre infirmité. Le dogme, soustrait à l’examen et au jugement de la raison, imposé par voie de commandement, était le principe de la puissance ; le dogme dut donc prendre aux yeux du sacerdoce, et par lui aux yeux des fidèles, une importance de plus en plus grande : bientôt la morale lui fut subordonnée : la foi devint le principal, le suprême moyen de salut. Mais aussi les disputes, les di-