Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 1, Didier, 1863.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.
175
INTRODUCTION.

Dans sa fuite éternelle, le temps emporte rapidement la vie. Chaque heure, donc, est précieuse pour en atteindre le vrai but. Aussi Dante et son guide se hâtent-ils d’accomplir leur voyage symbolique ; ils arrivent en un lieu où le mont leur cache le soleil. Difficile est le chemin, et inconnu d’eux.

« Vois là, dit Virgile, une âme qui, retirée à l’écart, seule, toute seule, regarde vers nous ; elle nous enseignera la voie la plus courte.

« Nous vînmes à elle. O âme lombarde, qu’altière et dédaigneuse était ta contenance, et le mouvement de tes yeux digne et lent !

« Elle ne disait rien, mais nous laissait aller, regardant seulement, comme le lion lorsqu’il repose.

« Cependant Virgile s’approcha d’elle, la priant de nous montrer la plus facile montée. Elle ne répondit point à sa demande ;

« Mais elle s’enquit de notre pays et de notre vie ; et comme le doux Guide commençait : — Mantoue, l’ombre, tout enfoncée dans la solitude d’elle-même,

« Surgit vers lui, du lieu où elle était, disant : — O Mantouan, je suis Sordello, de ton pays ; et ils s’embrassèrent l’un l’autre[1]

La solitude de cette ombre retirée à l’écart, sa contenance altière, le lent mouvement de ses yeux, saisit

  1. Purgat., ch. VI, terc. 20 et suiv.