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INTRODUCTION.

nèrent un peu de rire sur mes lèvres ; puis je commençai : — Belacqua, plus maintenant

« Je ne te plains[1] ; mais, dis-moi, pourquoi ici es-tu assis ? Attends-tu une escorte ? ou as-tu repris ta vieille habitude ?

« Et lui : — O frère, monter, qu’importe ? puisqu’aux peines ne me laisserait point aller l’oiseau[2] de Dieu qui garde l’huis.

« Il faut que hors de ce seuil s’accomplissent pour moi autant de révolutions célestes que ma vie eut de durée, parce que je différai jusqu’à la fin les bons soupirs[3]. »

N’est-il pas là, vivant sous vos yeux, ce type de la paresse, la tête nonchalamment baissée entre ses cuisses, et la soulevant à peine pour laisser tomber, avec une langueur apathique, quelques brèves paroles qui amènent le rire sur les lèvres. Voilà le côté ridicule du vice, comme le Poëte, dans l’Enfer, en a montré le côté bas, ignoble et grotesque. Mais cet aspect rebuterait bien vite, en un sujet si grave pour le fonds. Aussi, après avoir quelques moments fait sourire l’esprit, Dante se hâte de l’élever de nouveau dans l’ordre des sévères pensées, des émotions tendres et profondes.

  1. Parce que son salut est désormais assuré.
  2. L’ange ailé.
  3. Purgat., ch. IV, terc. 33 et suiv.