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INTRODUCTION.

charitas generis humani, avait révélé tout un monde nouveau, au développement duquel nous assistons en ce moment même. Le droit constitué scientifiquement, et qui, bien qu’il pût être partiellement obscurci, ne pouvait désormais périr, donnait un fondement immuable à la société civile. On avait découvert dans une loi éternelle, invariable, la source divine[1] de toutes les lois. Des maximes, non changeantes comme celles d’origine humaine, en devaient régler l’application, et, autant que possible, opposaient une barrière à l’arbitraire du juge. Oppressive, il est vrai, par les vices des hommes, mais liée au droit par le principe de son institution, une administration régulière et savante dans ses formes ordonnait l’État, en reliait les parties diverses, et devint plus tard un germe de renaissance pour la civilisation ensevelie dans les ténèbres du Moyen âge.

Ce fut dans cette société que le christianisme s’implanta. Il ne créa point une nouvelle morale, car la morale, condition nécessaire de l’existence sociale, est de tous les lieux et de tous les temps ; mais la rappelant à sa source, qui est Dieu conçu dans son unité infinie et ses attributs essentiels, il la promulgua, non comme une philosophie, mais comme une loi souveraine, absolue, fondée sur l’égalité et la fraternité hu-

  1. Cicer., de Legib.