connus, et la priai que, pour me parler, elle s’arrêtât un peu.
« Elle me répondit : — Comme je t’aimai dans le corps mortel, dégagé de lui je t’aime ; à cause de cela je m’arrête ; mais toi, pourquoi vas-tu ?
« — Mon Casella, pour retourner de nouveau là d’où je suis venu, je fais ce voyage ; mais toi, pourquoi cette terre si désirable t’était-elle déniée ? »
Casella répond vaguement qu’il n’a pu se plaindre de ce juste délai ; puis Dante reprend :
« Si une loi nouvelle ne t’ôte point la mémoire ou l’usage de l’amoureux chant qui apaisait tous mes soucis,
« Qu’il te plaise d’en consoler un peu mon âme, qui, venant ici avec le corps, est si affaissée.
« — Amour, qui discours en mon âme[1], commença-t-il alors, si souèvement que la douce mélodie en moi résonne.
« Le Maître et moi, et la troupe qui l’accompagnait, étions si ravis que chacun paraissait avoir toute autre pensée en oubli.
« Attentifs à ses chants et absorbés en eux, nous allions, quand tout à coup le vieillard vénérable : — Qu’est-ce que cela, esprits lents ?
« Quelle négligence, quel tarder est-ce là ? Courez,
- ↑ Amor che nella mente mi ragiona. La canzone qui commence ainsi est regardée comme une des plus belles du Dante.