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INTRODUCTION.

tassent à l’imagination, et, en quelque manière, aux sens mêmes, ce que propose à la seule pensée le dogme théologique ; créer un monde, et le peupler d’êtres réels : — ut pictura poesis.

Du milieu des eaux, dans l’hémisphère opposé au nôtre s’élève une montagne de forme conique. Autour règnent des corniches, séjour des âmes qui doivent s’y purifier. Le paradis terrestre en occupe le sommet, et au bas, sur les premières rampes, ceux, en grand nombre, qui différèrent leur conversion jusqu’aux approches de la dernière heure, attendent, durant un temps plus ou moins long, selon que leur négligence a été plus ou moins coupable, qu’il leur soit permis de monter dans le véritable purgatoire, dont, plus haut, un ange garde l’entrée. Il se compose de sept corniches, chacune desquelles est consacrée à l’expiation d’un des sept péchés capitaux. La disposition en est, comme on voit, pareille à celle de l’enfer, mais en sens inverse. Des deux cônes, le sommet de l’un correspond à l’état de l’homme descendu le plus avant dans le mal, le sommet de l’autre à l’état de l’homme pleinement régénéré. Nous avons fait remarquer, déjà, que Dante se complaît dans ces correspondances symétriques.

Le ton de cette Cantique contraste profondément avec celui de la précédente. Il a quelque chose de doux et de triste comme le crépuscule, d’aérien comme le