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INTRODUCTION.

répétons, qu’à des époques où le raisonnement abstrait, substitué aux natives inspirations de la conscience, altéra dans l’homme le sentiment de ses lois, véritables. Mais, parmi les aberrations où l’a jeté, à cet égard, une fausse théologie, il n’en est point de plus effrayantes que celles de quelques sectes chrétiennes qui, niant le Purgatoire ou un état de purification après la mort, n’admettent que l’Enfer, et, en cela, tirent une juste conséquence d’un autre point de leur doctrine, suivant laquelle l’homme est prédestiné de toute éternité au salut ou à la damnation, en vertu d’un décret immuable de la pure volonté divine. Ce décret absolu impliquant la nécessité non moins absolue de son accomplissement, il est clair qu’au moment où l’homme passe de cette vie dans l’autre, ses destinées sont fixées à jamais, et qu’il ne peut dès lors exister pour lui de demeure que le ciel éternel ou l’enfer éternel, sans que le choix entre l’un et l’autre ait pu, à aucun degré, être en sa puissance, dépendre de l’usage de son libre arbitre, que la même doctrine détruit radicalement, et avec lui le principe moral inséparable de la liberté. De tous les blasphèmes contre Dieu, il n’en est point que celui-ci ne surpasse en impiété.

Dante a conçu sa seconde Cantique d’après les idées catholiques conformes à celles de Platon. Mais il a dû développer ce sujet, l’orner de détails qui représen-