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INTRODUCTION.

Lentement, timidement, une autre ombre s’est levée : c’est celle de Cavalcante de Cavalcanti, père de Guido Cavalcanti, ami de Dante. Il a reconnu la voix de celui-ci, et il espère que son fils l’accompagne. Trompé dans cette espérance, il s’écrie en pleurant :

« Si à travers cette sombre prison tu vas par grandeur d’âme, mon fils où est-il ? pourquoi pas avec toi ? »

Quelle louange, et comme elle sort naturellement d’un cœur paternel ! Ce père ne conçoit pas que, là où éclate la grandeur d’âme, son fils n’y soit point.

Sur un mot équivoque de Dante, il croit ce fils mort, jette un cri de douleur, et tombe à la renverse au fond du sépulcre embrasé.

Plus cette scène est touchante, plus elle fait ressortir le caractère de Farinata. Elle n’a point existé pour lui : il n’a rien vu, rien entendu, absorbé tout entier dans l’amer sentiment qu’ont réveillé en son âme superbe les paroles de Dante : mais les vôtres n’apprirent jamais cet art.

Et continuant le premier discours : « Qu’ils aient mal appris cet art, dit-il, cela me tourmente plus que cette couche. »

Voilà son enfer : près de ce supplice de l’orgueil, la tombe brûlante où il gît n’est rien.

Il faut lire le reste dans le poëme même ; il y faut voir avec quel art le Poëte, sans altérer le caractère