Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 1, Didier, 1863.djvu/142

Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
INTRODUCTION.

couverte de tombeaux rougis par le feu ; subitement de l’un d’eux sort une voix qui invite Dante à s’arrêter. Il s’effraye et se rapproche de Virgile :

« Que fais-tu ? lui dit celui-ci ; tourne-toi ! Vois là Farinata qui s’est levé : tu le verras tout entier de la ceinture en haut. »

Que doit être celui dont l’aspect émeut ainsi Virgile, le Guide qui, dépouillé de la mortalité, passe impassible à travers ces régions désolées ? Ne voit-on pas Farinata, séparé du vulgaire des morts, se lever comme une apparition formidable, gigantesque ?

Dante poursuit :

« J’avais déjà mes yeux fixés sur les siens ; et lui de la poitrine et du front se dressait, comme s’il eût eu l’enfer à grand mépris. »

L’ombre altière l’interroge sur les siens. Il les nomme.

« Cruellement, reprend l’ombre, ils furent ennemis et de moi et de mes aïeux ; aussi les chassai-je deux fois. »

La réponse non moins fière part comme un trait :

« S’ils furent chassés, de toutes parts ils revinrent et l’une et l’autre fois ; mais les vôtres n’apprirent jamais cet art. »

Ici la scène s’interrompt soudain, et tout à l’heure on verra l’effet de cette interruption par rapport au dessein principal du Poëte.