après tout, que leur importe ? ces hommes abondaient au milieu des dissensions de l’Italie, comme ils abondent encore de nos jours ; car, quel est le temps où les égouts de nos tristes sociétés ne regorgent de cette boue ? Séparés des bons, des mauvais, hors de l’humanité, repoussés également du Ciel et de l’Enfer, où Dante placera-t-il ces malheureux qui ne furent jamais vivants ? que dira-t-il d’eux ? Écoutez :
« Là, dans l’air sans astres, bruissaient des soupirs, des plaintes, de profonds gémissements, tels qu’au commencement j’en pleurai.
« Des cris divers, d’horribles langages, des paroles de douleur, des accents de colère, des voix hautes et rauques, et avec elles un bruit de mains,
« Faisaient un fracas qui, dans cet air à jamais ténébreux, sans cesse tournoie, comme le sable roulé par un tourbillon.
« Et moi, dont la tête était ceinte d’erreur, je dis : — Maître, qu’entends-je ? et quels sont ceux-là qui paraissent plongés si avant dans le deuil ?
« Et lui à moi : — Cet état misérable est celui des tristes âmes qui vécurent sans infamie ni louanges.
« Mêlées elles sont à la troupe abjecte de ces anges qui ne furent ni rebelles, ni fidèles à Dieu, mais furent pour soi.
« Le Ciel les rejette pour qu’ils n’altèrent point sa beauté ; et ne les reçoit pas le profond Enfer, parce