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INTRODUCTION.

d’une rédemption future. Qu’ont de commun ces poëmes, circonscrits en un sujet spécial, avec le poëme immense qui embrasse non-seulement les divers états de l’homme avant et après la chute, mais encore, par l’influx divin qui de cieux en cieux descend jusqu’à lui, l’évolution de ses facultés, de ses énergies de tous genres, ses lois individuelles et ses lois sociales, ses passions variées, ses vertus, ses vices, ses joies, ses douleurs ; et non-seulement l’homme dans la plénitude de sa propre nature, mais l’univers, mais la création et spirituelle et matérielle, mais l’œuvre entière de la Toute-Puissance, de la Sagesse suprême et de l’Éternel Amour ?

Dans cette vaste conception, Dante toutefois ne pouvait dépasser les limites où son siècle était enfermé. Son épopée est tout un monde, mais un monde correspondant au développement de la pensée et de la société en un point du temps et sur un point de la terre, le monde du Moyen âge. Si le sujet est universel, l’imperfection de la connaissance le ramène en une sphère aussi bornée que l’était, comparée à la science postérieure, celle qu’enveloppaient dans son étroit berceau les langes de l’École. En religion, en philosophie, l’autorité traçait autour de l’esprit un cercle infranchissable. Des origines du genre humain, de son état primordial, des premières idées qu’il se fit des choses, des premiers sentiments qu’elles éveillèrent en lui, des antiques civilisations, des religions