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INTRODUCTION.

obscurités de détail, l’idée principale étant connue. On sait, en général, qu’un des sujets du poëme, le sujet politique, est tout ensemble une glorification de la monarchie impériale et une satire épique contre la Rome papale ; que faut-il de plus ? Ce qui pour nous reste un mystère l’était également pour les contemporains. Le sujet que le Poëte appelle « littéral » est loin lui-même d’offrir un sens simple. Jacopo di Dante, interprète, dit-il, de la pensée de son père[1], veut que l’Enfer, le Purgatoire, le Paradis, ne soient que des figures représentant l’homme sur la terre, ou enseveli dans le vice, ou travaillant à s’en purifier, ou confirmé dans la vertu, par laquelle l’âme, en possession de la félicité, s’élève à une hauteur d’où il lui est permis de découvrir le souverain bien. Nous avons cité un passage remarquable du Convito, lequel s’applique autant à la Divina Commedia qu’aux autres poésies de Dante. Il y distingue trois sens : le sens que présente la lettre, le sens allégorique et le sens anagogique ; de sorte que, selon le sens allégorique, on doit par « le ciel » entendre « la science, » et par les cieux, les sciences, à raison de certaines similitudes qu’il explique, et ce sens se complique encore du sens anagogique : d’où des difficultés nouvelles, source inépuisable d’interprétations différentes, plus ou moins hasardées, plus ou moins arbitraires ; et d’où aussi ces bizarres singularités de

  1. Jacopo di Dante. Manuscrit no 7765 de la Bibliothèque.