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INTRODUCTION.

double doit être le sujet autour duquel courent les sens alternatifs. C’est pourquoi il faut d’abord considérer le sujet de cet ouvrage selon la lettre, puis le sujet conçu allégoriquement. Pris à la lettre, le sujet de tout l’ouvrage est donc simplement l’état des âmes après la mort ; car l’ouvrage tout entier traite de cela et tourne autour de cela. Mais si on le prend allégoriquement, on peut induire des mêmes paroles que, selon le sens allégorique, le poëte traite de cet enfer dans lequel, accomplissant comme des voyageurs notre pèlerinage, nous pouvons mériter et démériter. »

Deux sujets, donc : l’un dont la scène est hors de ce monde, l’autre dont la scène est ce monde même que Dante appelle enfer. Pourquoi enfer ? Est-ce à cause des maux, des désordres, des vices, triste apanage de l’humanité dans tous les lieux, dans tous les temps ? Mais, à côté des vices, il s’y trouve aussi des vertus ; à côté des désordres et des maux, un ordre maintenu par des lois divines, et les biens que cet ordre produit naturellement. Le séjour où l’homme peut mériter et démériter, le lieu d’où partent deux routes conduisant, l’une au ciel où les justes reçoivent leur récompense, l’autre à l’abîme où les coupables subissent leur châtiment, ce lieu intermédiaire sanctifié au milieu des temps par la vie et la mort du grand Rédempteur, ne saurait être nommé enfer, en un sens général. Autre