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INTRODUCTION.

infini, infiniment un, sans jamais cesser d’être à une distance infinie de lui.

Ainsi donc, les systèmes qui supposent le Pouvoir directement institué de Dieu et son représentant sur la terre, obligent à le concevoir sous une double notion qui se résout dans celle de la force pure et de la raison absolue. Or, séparées, la raison absolue et la force pure, simples abstractions de l’esprit, ne constituent aucun être, n’ont aucune existence réelle ; unies, l’idée de pouvoir se confond avec l’idée de Dieu, à la fois raison infinie et puissance infinie. Immédiatement soumise à ce pouvoir exercé par un homme, organe de la raison divine, instrument de la volonté ou de la puissance divine, la société humaine n’est plus qu’un assemblage d’êtres sans pensée, sans volonté, sans action propre, quelque chose au-dessous de la société des brutes, que dirige du moins l’instinct inhérent à chacune d’elles.

Réduit à ses termes les plus simples, tel est le droit qui a longtemps régi l’humanité et la régit encore. Il renferme, avec la négation de la liberté, la négation de l’homme intelligent et moral, de l’homme physique même, qui n’a pas en soi seul son principe de conservation ; et conséquemment sa tendance est une tendance directe à la mort. Mais l’homme veut vivre ; il a donc toujours résisté à ce droit impie, monstrueux, qui jamais n’a pu s’établir d’une manière