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INTRODUCTION.

règle de la société chez les nations chrétiennes, et y produisent les mêmes effets qu’elles ont produits dans tous les temps. Cependant les peuples s’en sont lassés. Partout ils s’agitent pour sortir du cercle infernal de la double servitude où ils gémissent depuis tant de siècles, pour briser les portes de l’enceinte où rois et prêtres les ont, comme un vil bétail, tenus jusqu’ici parqués. Un secret instinct, puissant, irrésistible, les attire vers un monde nouveau, une société nouvelle. Que sera cette société ? que doit-elle être ? Essayons de répondre à cette question, considérée seulement à un point de vue général et philosophique.

Si l’on élimine l’hypothèse pleine de ténèbres et de contradictions, qui, transportant l’homme dans un ordre au-dessus de la nature, y place le principe immédiat de sa vie, soustraite dès lors à l’empire des lois naturelles, si on rentre dans celle-ci et qu’on s’y renferme, la lumière aussitôt reparaît.

Tout être est nécessairement un ; tout être fini intelligent, par cela même qu’il est fini, a des bornes nécessaires, ou se compose nécessairement d’esprit et de corps ; et, par cela même qu’il est un, l’esprit et le corps doivent être ramenés à cette unité, condition essentielle de son existence, à laquelle ils concourent également, quoique d’une manière diverse. Détruisez un de ces éléments, l’être entier est détruit ; il cesse d’exister individuellement dans le monde des réalités