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INTRODUCTION.

À cette théorie les papes en opposaient une autre, admirablement résumée par Boniface VIII, en ces termes :

« La foi nous oblige de croire et de professer que la sainte Église catholique et apostolique est une… C’est pourquoi l’Église une et unique n’est qu’un seul corps ayant, non pas deux chefs, chose monstrueuse, mais un seul chef, savoir : le Christ et Pierre, vicaire du Christ, ainsi que le successeur de Pierre… Qu’il ait en sa puissance les deux glaives, l’un spirituel, l’autre temporel, c’est ce que l’Évangile nous apprend ; car les apôtres ayant dit : Voici deux glaives ici, c’est-à-dire dans l’Église, puisque c’étaient les Apôtres qui parlaient, le Seigneur ne leur répondit pas : C’est trop, mais : C’est assez. Certainement, celui qui nie que le glaive temporel soit en la puissance de Pierre méconnaît cette parole du Sauveur : Remets ton glaive dans le fourreau. Le glaive spirituel et le glaive matériel sont donc, l’un et l’autre, en la puissance de l’Église ; mais le second doit être employé pour l’Église, et le premier par l’Église. Celui-ci est dans la main du prêtre. Celui-là dans la main des rois et des soldats, mais sous la direction et la dépendance du prêtre. L’un de ces glaives doit être subordonné à l’autre, et l’autorité temporelle doit être soumise au pouvoir spirituel. Car, suivant l’Apôtre, toute