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cercle qui en est le plus proche, et sache qu’il se meut avec tant de vitesse, à cause du brûlant amour qui l’aiguillonne. »

Et moi à elle : — Si le monde était disposé selon l’ordre que je vois dans ces roues, m’aurait rassasié ce qui m’est présenté [1] ; mais dans le monde sensible d’autant plus divines sont les choses qu’on peut voir, qu’elles s’éloignent plus du centre [2]. Si donc mon désir doit être pleinement satisfait dans ce merveilleux et angélique temple qui n’a de confins que le seul amour et la lumière, il faut que j’oie encore pourquoi l’image et le modèle diffèrent ; car je le cherche en vain par moi-même.

« Si tes doigts ne suffisent pas pour délier un tel nœud, point n’est-ce merveille, tant par le non-essayer il est devenu dur. » ainsi ma Dame : puis elle dit : « Si tu veux te rassasier, prends [3] ce que je te dirai, et t’y applique bien. Les cercles corporels [4] sont larges ou étroits selon le plus et le moins de la vertu qui se répand dans toutes leurs parties : une plus grande bonté veut que d’elle émane plus de bien [5] ; plus de bien contient un plus grand corps, si ses parties sont également parfaites : donc celui-ci, qui emporte avec soi tout le haut univers, correspond au cercle qui le plus aime et le plus sait [6] ; par quoi, si à la vertu tu appliques ta mesure, non à l’apparence des substances que tu vois disposées en cercle, tu reconnaîtras une

  1. « Si je ne voyais ces cercles disposés dans un ordre inverse de celui des cieux matériels, ce que tu viens de dire m’aurait satisfait. »
  2. Qu’elles s’élèvent plus au-dessus de la terre, centre du monde matériel, selon le système astronomique de Dante.
  3. Ecoute. Même image que plus haut.
  4. Matériels.
  5. Que son influx soit plus abondant, et s’étende plus loin.
  6. « Donc le neuvième ciel où nous sommes, qui, le plus large et le plus élevé de tous, emporte dans son mouvement le monde entier, correspond, à cause de sa plus haute perfection, au plus petit des cercles angéliques, c’est-à-dire, à celui des Séraphins, qui, parmi les neuf chœurs dont se compose la hiérarchie des esprits célestes, s’élèvent au-dessus de tous les autres par la science et l’amour. »