Page:Dante - La Divine Comédie, trad. Lamennais, 1910.djvu/361

Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’est vraiment cette cour par là en toi et en autrui tu fortifies l’espérance de laquelle en bas naît l’amour, dis ce qu’elle est, et comme s’en fleurit ton esprit, et d’où elle t’est venue. » Ainsi encore parla la seconde lumière. Et cette pieuse dame qui de mes ailes guida les pennes à un si haut vol, en cette sorte prévint ma réponse : « l’Église militante n’a point de fils plus rempli d’espérance comme il est écrit dans le Soleil [1] qui rayonne sur toute notre troupe. Ce pourquoi il lui est accordé de venir d’Égypte en Jérusalem, pour voir, avant qu’il ait atteint le terme de la milice. Les deux autres points, demandés non pour savoir mais pour qu’il rapporte combien cette vertu te plaît, à lui je laisse, parce qu’ils ne lui seront ni difficiles, ni sujets de vaine gloire : qu’il y réponde lui-même, et que l’y aide la grâce de Dieu. » Comme un disciple qui au maître promptement et volontiers obéit en ce dont il est expert, afin que se montre son habileté : — L’espérance, dis-je, est une attente certaine de la gloire future, que produit la grâce divine et le précédent mérite [2]. De plusieurs étoiles [3] me vient cette lumière ; mais la versa le premier dans mon cœur celui qui fut le suprême chantre du chef suprême [4]. « Qu’espèrent en toi, » dit-il dans sa haute Théodie [5], « ceux qui connaissent ton nom [6] ; et qui ne le connaît, s’il a ma foi ? »

Ce qu’il m’avait instillé, tu me l’instillas ensuite tellement dans ton épître, que j’en suis plein, et fais sur d’autres pleuvoir votre pluie. Tandis que je parlais, dans le sein vivant de cet incendie [7] scintillait coup sur coup une lueur soudaine comme un éclair : puis il dit : « L’amour dont je brûle encore pour la vertu qui m’accompagna jusqu’à la

  1. En Dieu.
  2. Cette définition est empruntée au Maître des sentences. Est spes certa expetatio futurae beatitudinis veniens ex Dei gratiâ, et meritis prœcedentibus. — Lib. III, dist. 26.
  3. Il répond à la troisième demande de saint Jacques, et il appelle étoiles les écrivains sacrés, parce qu’il les a précédemment représentés sous cette forme.
  4. David.
  5. Théodie, hymne, chant à la louange de Dieu.
  6. Sperent in te qui noverunt nomen tuum. — Ps. IX, 11.
  7. Au milieu de ce feu où saint Jacques était vivant.