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et de Norvège et celui de Rascia [1], qui contrefit le coin de Venise. O heureuse la Hongrie, si elle ne se laisse plus mal conduire ! et heureuse la Navarre, si elle s’armait du mont qui la borde [2]. Et doit croire chacun que, pour arrhes de ceci, déjà Nicosie et Famagouste [3] se lamentent et murmurent [4], à cause de leur bête, qui du flanc des autres point ne s’écarte [5]. »



CHANT VINGTIÈME



Lorsque celui qui éclaire tout le monde, descend de notre hémisphère, de sorte que de toutes parts, le jour s’éteint, le ciel, qui auparavant ne s’embrasait que de lui, soudain brille de plusieurs lumières [6] dans lesquelles une seule resplendit. Ce qui se passe alors dans le ciel me vint à l’esprit, lorsque le Signe du monde et de ses chefs [7], dans le bienheureux rostre se tut : toutes ces vives lumières, en redoublant d’éclat, ayant commencé des chants échappés de ma labile mémoire.

O doux amour [8], qui te voiles de splendeur, qu’ardent tu paraissais dans ces brillants esprits pleins seulement de saints pensers !

  1. Partie de l’Esclavonie ou de la Dalmatie. Au temps de Dante, le roi de cette contrée falsifia les ducats de Venise.
  2. Si elle se faisait, des montagnes qui la bordent, une arme pour chasser Philippe le Bel, sous la domination duquel elle était alors.
  3. Les deux villes principales de l’île de Chypre.
  4. Ces vers sont obscurs. Dante paraît vouloir dire que, dans l’irritation des habitants de l’île de Chypre contre leur bête, leur bestial roi, on doit voir comme des arrhes, comme une annonce certaine du soulèvement de la Navarre contre son oppresseur.
  5. Qui suit l’exemple des autres rois qui viennent d’être nommés.
  6. Les planètes qui, dépourvues de lumière propre, réfléchissent celle du Soleil.
  7. L’Aigle, signe de la monarchie universelle des Empereurs.
  8. L’amour de Dieu.