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« J’ai vu les Ughi et j’ai vu les Catellini, les Filippi, les Greci, les Ormanni et les Alberichi, citoyens illustres déjà sur le déclin ; et j’ai vu aussi grands qu’anciens ceux de la Sannella et ceux de l’Arca, et les Soldanieri et les Ardinghi et les Bostichi [1]. Au-dessus de la porte maintenant chargée d’une nouvelle félonie [2], si pesante que bientôt s’enfoncera la barque [3], étaient les Ravignani, de qui est descendu le comte Guido, et quiconque ensuite a pris le nom du grand Bellincione [4]. Savaient ceux de la Pressa comment l’on doit gouverner, et dans sa maison Galigaïo avait déjà la garde et le pommeau dorés [5]. Grande était déjà la colonne de vair [6] ; grands les Sacchetti, les Giuochi, les Sifanti, et les Barucci, et les Galli, et ceux qui rougissent à cause du boisseau [7]. La souche [8] d’où sortirent les Calfucci était déjà grande et déjà sur les chaises curules étaient montés les Sizi et les Arrigucci : oh ! quels ai-je vus ceux qu’a abattus leur orgueil [9]. Les boules d’or [10], par toutes leurs hautes actions aidaient à florir Florence ! Ainsi faisaient les pères de ceux qui, toutes les fois que votre Église vaque, assemblés s’engraissent [11].

  1. Familles depuis tombées dans l’oubli.
  2. La maison des Ravignani, située au-dessus de la porte Saint-Pierre, passa par Berti Bellincione aux comtes Guidi. Elle était, au temps de Dante, habitée par les Cerchi, surnommés Neri, parce qu’ils étaient du parti des Noirs ; et c’est pourquoi Dante, qui appartenait au parti contraire, les taxe de félonie.
  3. Que bientôt périra la république.
  4. Des Ravignani descendit Bellincione Berti, et de celui-ci, par sa fille, descendirent les comtes Guidi, lesquels, héritant de ses biens et de son nom, se firent appeler ou simplement Berti, ou Guidi Berti.
  5. Privilège des chevaliers.
  6. Les Billi ou Pigli dont les armoiries étaient une colonne de vair dans un écu rouge.
  7. A cause du boisseau que falsifia un de leurs ancêtres, en en ôtant une douve : selon les uns les Tosinghi, et selon d’autres les Chiaramontesi.
  8. Les Donati.
  9. Les Uberti, selon la glose du manuscrit du Mont-Cassin.
  10. Suivant la même glose, les Lamberti, qui portaient des boules d’or dans leurs armoiries. — Fiorian Fiorenze ; le Poète joue ici sur le nom de Florence, lequel dérive de Fiore, fleur.
  11. Les Visdomini, les Tosinghi et les Cortigiani. Fondateurs et patrons de l’évêché de Florence, lorsqu’il vaquait, ils se rassemblaient en qualité d’économes et d’administrateurs, dans le palais épiscopal, et y faisaient grasse vie jusqu’à ce que le nouvel évêque fût entré en possession.