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et de l’exil vint, à cette paix. Vois plus loin flamboyer l’ardente haleine d’Isidore [1], de Bède et de Richard [2], qui fut, dans ses contemplations, plus qu’un homme. Celui-ci, de qui ton regard revient à moi, est la lumière d’un esprit auquel la mort parut tardive : c’est l’éternelle lumière de Sigier [3], qui, enseignant dans la rue au Fouarre, syllogisa des vérités odieuses. »

Ensuite, comme l’horloge, qui nous appelle à l’heure où l’épouse de Dieu se lève pour chanter les louanges matinales de l’époux qu’elle aime, tire et pousse l’une et l’autre partie [4], sonnant tin tin d’un ton si doux, que l’esprit bien disposé se dilate d’amour ; ainsi vis-je la roue glorieuse se mouvoir, et rendre voix à voix [5] avec un accord et une douceur qui ne peuvent être connus que là où la joie se prolonge sans terme.


CHANT ONZIÈME


O souci insensé des mortels, que fautifs sont les syllogismes qui te font battre en bas les ailes !

Qui suivant le droit, qui les aphorismes [6] et qui le sacerdoce, s’en allait, et qui à régner par force ou par sophismes, qui à voler, qui aux affaires civiles, qui enfoncé dans les plaisirs de la chair, se fatiguait, et qui se plongeait dans l’oisiveté, tandis que moi, dégagé de toutes ces choses, en haut

  1. Isidore de Séville.
  2. Richard de Saint-Victor, un des grands mystiques du Moyen âge.
  3. Professeur de Logique, ou de Théologie morale, dans l’Université de Paris.
  4. La double tête du marteau, alternativement tiré d’un côté et poussé de l’autre, contre les parois de la cloche.
  5. Former deux chœurs de voix.
  6. Les aphorismes d’Hippocrate, la médecine.