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Rome les autres lieux élus, qui ont été le cimetière de la milice qui suivit Pierre, seront bientôt délivrés de l’adultère [1]. »


CHANT DIXIÈME


La première et ineffable Puissance [2] regardant en son Fils avec l’Amour, éternelle spiration de l’un et de l’autre avec tant d’ordre créa, que tout ce qu’embrasse l’œil ou l’esprit, on ne saurait le contempler sans en jouir [3]. Lève donc, Lecteur, avec moi la vue vers les hautes sphères, en ce point où un mouvement heurte l’autre [4], et là, commence d’admirer l’art de ce maître, qui, au-dedans de soi tant l’aime, que jamais il n’en détache ses regards [5]. Vois comme de ce point s’écarte l’oblique cercle qui porte les planètes, afin de satisfaire au monde qui les appelle ; si leur route point ne s’infléchissait, de la vertu qui est dans le ciel une grande partie resterait inutile, et presque toute puissance là en bas serait morte [6] : et si du cercle droit elle s’écartait

  1. « De qui viole ainsi la foi due à celle dont il est l’époux. » c’est-à-dire à l’Église. Suivant le P. Lombardi, la prédiction de Foulques se rapporterait à la translation du siège pontifical à Avignon.
  2. Le Père.
  3. Sans jouir de cet ordre.
  4. Selon le système astronomique adopté par Dante, les étoiles se mouvant dans les plans parallèles à l’Equateur, et le Soleil et les planètes dans le plan du Zodiaque, qui coupe le premier sous un angle d’environ 25° 30’, ces plans se heurtent, suivant l’expression du Poète, aux points d’intersection, ou équinoxiaux, dans les signes du Bélier et de la Balance. Or, au moment où Dante accomplit son voyage mystique, le soleil était, comme il l’a déjà dit plusieurs fois, dans le signe du Bélier.
  5. Cet art que Dieu contemple avec amour en soi, est l’ordre, le type éternel de la Création.
  6. A raison de l’obliquité de leur mouvement dans l’écliptique, le Soleil et les planètes se trouvent successivement en des positions diverses par rapport à la terre, ce qui leur permet de répandre leur vertu, en des lieux qui n’en ressentiraient pas l’influence, si le plan de leur orbites coïncidait avec le plan de l’équateur ; en ce dernier cas, donc, une partie de cette vertu qui est en eux resterait sans effet, et presque toute la force productive des phénomènes terrestres serait morte.