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Niobé [1], avec quelle douleur mes yeux te voyaient représentée sur le chemin, entre tes sept fils et filles éteints ! O Saül, comme sur ta propre épée tu paraissais mort en Gelboé, sur lequel depuis ne tomba ni rosée ni pluie [2] ! O folle Arachné [3], je te voyais déjà à moitié araignée, et triste, sur les débris de la toile que par malheur tu ouvris ! O Roboam [4], là ne menace point ton image, mais pleine d’épouvante l’emporte un char, avant que d’autres la poursuivent ! Le dur pavé montrait encore combien cher Alcméon [5] fit payer à sa mère le fatal ornement. Il montrait comment les fils de Sennacherib [6] sur lui se ruèrent dans le temple et comment mort ils le laissèrent là. Il montrait la ruine et la cruelle vengeance qu’accomplit Tamyris [7], lorsqu’elle dit à Cyrus : « Tu as eu soif de sang, de sang je te gorge. » Il montrait la déroute des Assyriens fuyant après la mort d’Holopherne, et aussi les restes du meurtre [8]. Je voyais Troie, amas informe de cendres et de cavernes. O Ilion, qu’abaissée et vile te montrait l’image qui se voit là ! De quel maître le pinceau ou le crayon retracerait-il les figures et les poses qu’admirerait là un esprit pénétrant ?

  1. Femme d’Amphion, roi de Thèbes. Elle eut de lui sept fils et sept filles, qu’Apollon et Diane tuèrent à coup de flèches pour venger leur mère Latone des mépris de Niobé.
  2. En accomplissement de la malédiction de David : Montes Gelboe, neque ros, neque pluvia veniant super vos. Reg. lib. II, cap. I.
  3. Ayant vaincu Pallas dans l’art de tisser, celle-ci mit son ouvrage en pièces ; Arachné se pendit de désespoir, après quoi la déesse la transforma en araignée.
  4. Supplié par ceux de Sichem de diminuer les impôts dont les avait chargés son père Salomon, il leur répondit : « Je les accroîtrai ; mon père vous a battu avec des verges, je vous battrai avec des bâtons plombés. » Outrées d’un tel orgueil et d’une telle barbarie, onze des douze tribus se révoltèrent contre lui, et il s’enfuit plein d’épouvante à Jérusalem.
  5. Fils d’Amphiarüs et d’Ëriphyle. Il tua sa propre mère pour venger Amphiaraüs qu’elle avait trahi, séduite par l’offre d’un joyau dont elle brûlait de se parer.
  6. Roi d’Assyrie, tué par ses fils au moment où il priait au pied d’une idole.
  7. Reine des Scythes. Après la bataille où Cyrus fut défait et tué, elle plongea sa tête dans un vase plein de sang humain, en disant : « Bois ce sang, dont tu as eu tant de soif. »
  8. Les cadavres des Assyriens tués dans leur fuite.