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exceptes encore la bande parmi laquelle Caccia d’Ascanio [1] dissipa vignes et bois, et l’Abbagliato [2] montra ce qu’il avait de sens. Mais pour que tu saches qui est celui qui ainsi contre les Siennois te seconde, aiguise ta vue de façon que mon visage clairement te réponde ; tu verras que je suis l’ombre de Capocchio [3], qui par alchimie falsifiais les métaux, et, si bien je le remets, tu dois te souvenir combien de la nature je fus bon singe [4]. »


CHANT TRENTIÈME


Au temps où, à cause de Sémélé [5], Junon était irritée contre le sang thébain, comme plusieurs fois elle le fit voir, Adamante devint [6] si fou, que voyant sa femme aller, portant ses deux fils, un sur chaque bras, il s’écria : « Tendons les rets, pour prendre au passage la lionne et les deux lionceaux ; » puis, allongeant ses ongles impitoyables, il saisit l’un d’eux, qui avait nom Léarque, et, le faisant tournoyer, le broya contre une pierre ; et tandis que la mère chargée de l’autre, se noya [7], et quand la fortune abaissa l’orgueil des Troyens, qui tout osait, de sorte que royaume et roi ensemble s’évanouirent, Hécube triste, misérable et captive, lorsqu’elle eut vu Polixène morte, et que, sur le rivage de la mer, elle fit de son

  1. Jeune Siennois qui dissipa toute sa fortune en folles dépenses. Ascanio est un château au dessus de Sienne.
  2. On ignore quel était cet Abbagliato.
  3. Siennois qui avait étudié la philosophie naturelle avec Dante, et s’était ensuite appliqué à l’art de falsifier les métaux.
  4. « Avec quelle perfection j’imitais la nature. »
  5. Jeune Thébaine aimée de Jupiter, qui eut d’elle Bacchus.
  6. Dans sa haine contre les Thébains, Junon frappa de folie furieuse Adamante, roi de Thèbes, de sorte que, rencontrant sa femme Iné qui portait dans ses bras ses deux jeûnes fils, Léarque et Mélicerte, il la prit pour une lionne, et s’écria : « Tendons les rets, etc. »
  7. Se jeta dans la mer où elle se noya.