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porte ce style dont ses contemporains lui ont fait honneur. Il a manqué à nos trouvères, ceux du moins qui eurent du talent, de s'être donné un tel maître.

Byron, dans son Childe Harold, II, 8, exprime en de beaux vers combien il serait doux de pouvoir converser avec les anciens sages qui ont honoré la vie mortelle :

« Yet if as holiest men have deem’d, there be
A land of souIs beyond that sable shore....
How sweet it were in concert to adore
With those who made our mortal labours light,
To hear each voice we fear’d to hear no more,
Behold each mighty shade reveal’d to sight,
The Bactrian, Samian sage, and all who taught the right! »

Dante a réalisé pour lui cette aspiration, qui a hanté bien des esprits avant que Byron la consacrât dans les vers touchants que je viens de citer, et il s’est donné le bonheur ineffable d’avoir, pendant son voyage, la compagnie de l'ombre de celui pour qui il avait le plus d’admiration et de reconnaissance.