Page:Dante - L’Enfer, t. 2, trad. Rivarol, 1867.djvu/92

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHANT XXVIII


ARGUMENT


Neuvième vallée, où sont punis les sectaires et tous ceux dont l’opinion ou les mauvais conseils ont divisé les hommes.


Qui pourrait jamais raconter d’une voix assurée les spectacles de sang et de blessures qui s’étalèrent devant moi ?

Toute langue se refuserait sans doute, et la parole et la pensée seraient également sans force et sans vertu.

En vain on assemblerait les générations qui dorment dans les champs de la Pouille, théâtre de tant de guerres ; et les peuples tombés sous le fer de Turnus et d’Annibal, et ceux dont les ossements attestent encore les victoires de Guiscard, les malheurs de Mainfroi et la prudence du vieil Alard [1] ; toute cette multitude de cadavres sanglants et mutilés n’égalerait pas les horreurs que m’offrit la neuvième vallée.

Un homme se présenta d’abord, ouvert de la gorge à la ceinture : ses intestins fumants pendaient sur ses genoux ; et son cœur palpitait à découvert.

Je m’arrêtai, en le voyant ainsi massacré, et je le considérai ; mais à son tour il jeta les